L'hiver approche
Mikael a terminé le cabanon, harnaché comme un pêcheur breton des années 50 sous une pluie perçante qui rendait tout glissant, surtout le toit d'ardoises.
Il ne nous reste plus qu'à reposer un portillon au bout de la barrière.
Les planches, dont on ne sait si leur couleur rouge est d'origine ou due à un traitement, sont d'un effet plutôt réussi à notre avis. Cependant j'essaie d'imaginer ce que donnerait un badigeon de chaux colorée avec notre terre ocre...
Pendant ce temps, la terre se gorge d'eau, la mare se remplit enfin, les canes Pim, Pam et Poum, reléguées sur les bords de la route par les assauts de Glinka, notre grande chienne de 5 mois, pataugent avec délectation dans une boue noire agrémentée de restes de "mélange basse-cour"...
Les brumes d'automne sortent de cette terre mouillée mais pas encore refroidie, et se diffusent jusque tard dans la matinée. Les dernières pommes tombent sur la route, jaunes et déjà ridées, et celles qui n'ont pas été ramassées s'entassent dans le fossé devenu ruisseau, qui s'écoule dans la mare en chantant comme une source.
Puis elles s'évaporent, ou s'enfuient poussées par le vent, découvrant un ciel bleu taché de nuages gonflés, d'où luit un soleil tenace qui donne à chaque chose une couleur chaude et réchauffe nos âmes prêtes à s'engourdir pour l'hiver...